Benjamin-Nicolau 's

Environm Ciencia, Tecnologia y Economia

Asamblea General Naciones Unidas

Posted by benjamin-nicolau en septiembre 25, 2008

Assemblée générale

Soixante-troisième session

5e et 6e séances plénières de haut niveau

Matin et après-midi

 

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE PREMIER JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL DOMINÉ PAR LES CRISES FINANCIÈRE, ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE

 

Le Président de la France propose la convocation d’une réunion au sommet sur la crise financière et l’élargissement du G-8 à six économies émergentes

 

Les crises alimentaire et énergétique mais surtout les turbulences des milieux bancaires ont dominé aujourd’hui le premier jour du débat général de l’Assemblée générale au cours duquel le Président de la France, M. Nicolas Sarkozy, a proposé la convocation d’une réunion au sommet sur la crise financière et l’élargissement du G-8 à cinq ou six économies émergentes. 

 

L’Assemblée générale a innové, cette année, en lançant son débat général, qui s’achève lundi 29 septembre, avec la projection de 99 messages sélectionnés parmi les milliers recueillis pendant la Campagne « Textos pour la paix » organisée à l’occasion de la Journée internationale de la paix, le 19 septembre dernier. 

 

Message reçu cinq sur cinq, ont semblé dire les 26 Présidents conviés à la tribune, qui, liant la paix à la stabilité socioéconomique, ont multiplié les appels à la résolution urgente des crises financière, alimentaire, énergétique et politique qui secouent le monde actuel. 

 

Devant les dirigeants du Brésil, des États-Unis, de la France, de la Serbie, de l’Union africaine, ou encore de la Géorgie, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a présenté son rapport annuel sur l’activité de l’ONU, a imputé ces crises à un « déficit du leadership mondial ».  « Remplaçons l’individualisme et l’égoïsme par la solidarité », a renchéri le Président de la soixantième-troisième session de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brokmann du Nicaragua. 

 

« Cupidité », « économie de casino », « effet jazz » « euphorie spéculative », les intervenants n’ont pas eu de mots assez durs pour décrire les causes de la crise financière.  Prononçant son dernier discours de chef d’État devant l’Assemblée générale, le Président américain George Bush a confirmé que son administration travaille main dans la main avec le Congrès pour adopter rapidement une loi et une stratégie visant à assurer la stabilité des marchés. 

 

Son homologue de l’Argentine n’a pas pu s’empêcher d’ironiser face à « l’intervention publique la plus formidable » envisagée aujourd’hui par les « chantres » de la dérégulation.  Au nom d’un pays qui a souffert dans les années 90 des préceptes du « Consensus de Washington », Cristina Fernández de Kirchner a réclamé la réforme des institutions financières internationales au premier rang desquelles le Fonds monétaire international (FMI).

 

Le Président brésilien s’est montré plus précis en demandant la mise au point de mécanismes de prévention et de contrôle.  L’économie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux mains de spéculateurs, s’est expliqué M. Luiz Inácio Lula da Silva.  Reconstruisons un capitalisme où les banques jouent leur rôle et où ceux qui mettent en danger l’argent des épargnants sont sanctionnés, a acquiescé le Président de la France.

 

M. Nicolas Sarkozy a proposé la convocation, avant la fin de l’année, d’une réunion des chefs d’État et de gouvernement des pays les plus directement concernés pour réfléchir ensemble et tirer les leçons de la crise financière.  L’activité financière ne doit plus être laissée à la seule appréciation des opérateurs de marché, a-t-il insisté, en prônant aussi l’élargissement du G-8 à cinq ou six économies émergentes comme l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde ou le Mexique.

 

Les crises politiques ont également dominé ce premier jour de débat général.  Après les marques d’appui de George Bush et de Nicolas Sarkozy, qui a dit caresser l’idée « d’un espace économique commun unissant la Fédération de Russie et l’Europe », le Président de la Géorgie, Mikheil Saakishvili, a, dans une très longue intervention, insisté sur l’adoption « immédiate » d’une politique de non-reconnaissance des deux provinces séparatistes de la Géorgie. 

 

Il a aussi demandé la création d’un processus de résolution des conflits qui, sous l’égide de l’ONU, permettrait la réunification « paisible » de la Géorgie.  Il a également préconisé le lancement d’une enquête indépendante sur les origines et les causes de cette guerre. 

 

S’agissant de la Serbie, son Président, Boris Tadić, a annoncé la présentation par son pays d’un projet de résolution appelant l’Assemblée générale à demander l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur « la légalité » de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo.  Un vote négatif consisterait à nier le droit des États Membres à poser à la juridiction compétente une question simple et élémentaire sur un sujet « vital », a-t-il averti. 

 

Son homologue de la Bosnie-Herzégovine, Haris Silajdžić s’est quant à lui demandé comment on peut invoquer les principes du droit international pour arrêter Radovan Karadžić et, dans le même temps, ne rien faire pour supprimer les conséquences de ses actes, notamment le caractère « ethniquement propre » d’une vaste partie du territoire et le désarroi d’un million de réfugiés et de personnes déplacées.

 

Toujours sur le plan juridique, le Président de la République-Unie de Tanzanie, Jakaya Mrisho Kikwete, a, au nom de l’Union africaine, plaidé pour l’ajournement de l’inculpationdu Président soudanais par la Cour pénale internationale (CPI) « pour ne pas compliquer le déploiement complet de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et l’acheminement de l’aide humanitaire ».

 

Ont également pris la parole aujourd’hui les dirigeants des pays suivants: Philippines, Qatar, Libéria, Turquie, Madagascar, Gabon, Finlande, Rwanda, Lituanie, République islamique d’Iran, Liban, Kenya, Panama, Ouganda, Guyana, Bolivie, Namibie et Bénin. 

 

Placée sous le signe de la démocratisation de l’ONU et de l’impact de la crise alimentaire sur la lutte contre la pauvreté, l’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 24 septembre, à 9 heures.

 

DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

 

Exposé du Secrétaire général sur son rapport annuel (A/63/1)

 

Présentant son rapport sur l’activité de l’Organisation, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’à l’heure où s’ouvre le débat général de l’Assemblée générale, le monde fait face à des crises financière, énergétique et alimentaire.  Les pourparlers entamés pour réformer le commerce international ont échoué, une fois de plus.  Nous avons assisté, a-t-il dit, à de nouvelles éruptions de violence et de conflits armés et à l’apparition d’une nouvelle rhétorique de l’affrontement alors que les changements climatiques menacent plus que jamais notre planète. 

 

Nous avons souvent dit, a poursuivi le Secrétaire général, que des problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales.  Et pourtant aujourd’hui, c’est à une crise d’un type nouveau que nous assistons, a-t-il dit, en faisant référence « au défi du leadership mondial ».  De nouvelles puissances et de nouveaux centres de pouvoir, s’est-il expliqué, sont en train d’émerger. 

 

Dans ce nouvel ordre mondial, caractérisé par des problèmes de plus en plus complexes, les défis auxquels nous faisons face peuvent être relevés davantage par la collaboration que par la confrontation, a lancé Ban Ki-moon, pour qui les nations ne peuvent plus protéger leurs seuls intérêts ou promouvoir le bien-être de leurs peuples, sans établir des partenariats avec le reste du monde.

 

Se disant inquiet, le Secrétaire général a relevé le danger d’un recul dans le domaine du développement et du partage plus équitable des fruits de la croissance mondiale.  À ce stade, a estimé le Secrétaire général, il faut faire plus pour les trois piliers du développement que sont les droits de l’homme, la paix et la sécurité.

 

Il a rappelé qu’au cours de l’année écoulée, les prix du carburant, des denrées alimentaires et des produits de base étaient montés en flèche.  Ainsi, les pays riches craignent une récession, tandis que les plus pauvres n’ont plus de quoi manger.  C’est pourquoi, a-t-il rappelé, une manifestation de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), axée en particulier sur l’Afrique, est convoquée jeudi prochain. 

 

Au cours de cette manifestation, a précisé Ban Ki-moon, sera présente une nouvelle coalition composée des gouvernements, d’organisations non gouvernementales (ONG), de grands patrons du secteur privé, de groupes confessionnels et de philanthropes.  Il s’agit d’une formule efficace qui a déjà fait ses preuves dans la lutte contre le paludisme, a-t-il souligné.

 

Le Secrétaire général a proposé d’appliquer ce nouveau modèle de partenariat mondial aux autres Objectifs du Millénaire et de tenir, en 2010, une réunion au sommet sur les OMD, afin de faire le point de leur mise en œuvre.

 

Malgré ses efforts pour faire advenir une « révolution verte » en Afrique, l’ONU manque toujours de ressources, la communauté internationale n’ayant pu « faire correspondre les mots avec les actions », a regretté le Secrétaire général.

 

Évoquant ensuite les questions de paix et de la sécurité, il a déclaré qu’il ne faut pas sous-estimer ce que l’ONU peut accomplir grâce à ses bons offices, surtout dans la diplomatie préventive.  Revenant à la crise financière, Ban Ki-moon a lancé un appel à une action collective immédiate.  La Conférence de Doha, qui se tiendra à la fin de cette année, offre une chance de répondre aux problèmes majeurs de coopération économique internationale et de développement, a-t-il fait observer. 

 

Dans le domaine des droits de l’homme, il a jugé important de donner effet au concept de « responsabilité de protéger » et de combatte l’impunité.  Enfin, le Secrétaire général a estimé nécessaire de reprendre l’élan dans le domaine des changements climatiques. 

 

À 14 mois de Copenhague, le premier test, a-t-il prévenu, sera la réunion de Poznań, en Pologne, où il sera possible de se faire une idée commune de la forme que pourrait prendre un accord mondial sur les changements climatiques destiné à succéder au Protocole de Kyoto, qui expire en 2012.

 

En conclusion, le Secrétaire général a dit qu’il présenterait, dans quelques semaines, ses propositions pour mettre en place à l’ONU un nouvel environnement des ressources humaines et remplacer le système actuel des contrats, qu’il juge « dysfonctionnel et démoralisant ».  Affirmant qu’il tenait à promouvoir la mobilité des fonctionnaires, Ban Ki-moon a déclaré que l’heure était venue d’investir davantage dans le personnel des Nations Unies. 

 

Déclarations

 

M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a estimé que le monde connaît des troubles plus graves encore que lors de la création des Nations Unies il y a 63 ans.  Nous devons aller au-delà des lamentations et des déclarations de bonnes intentions pour prendre des mesures concrètes propres à remplacer l’individualisme et l’égoïsme de la culture dominante par la solidarité, a-t-il dit.  Tout en convenant que l’Organisation avait entrepris de nombreuses initiatives louables, le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’en ce qui concerne les conflits, la question du désarmement et la sécurité internationale, « nous avons failli ».

 

Il y a ceux qui prétendent que cette situation est irréversible, a-t-il poursuivi, admonestant ce défaitisme « dangereux » qui nous enfoncera dans un « égoïsme maniaque et suicidaire ».  Plus de la moitié de la population languit dans la faim et la pauvreté, a-t-il rappelé, alors que de plus en plus d’argent est dépensé en armes, en guerre et en produits de luxe.  Ayons le courage de faire face aux iniquités qui existent dans le monde, a-t-il notamment lancé, car ce sont des bombes à retardement qui ne s’en iront pas si on les ignore.

 

Miguel d’Escoto Brockmann a insisté sur les problèmes de la faim, de la pauvreté et du prix élevé des produits alimentaires, ainsi que sur ceux liés aux changements climatiques, à la tendance à privatiser l’eau, à la course aux armements, au terrorisme, à la traite des êtres humains, à la situation en Palestine, à l’aide humanitaire, à l’égalité entre les sexes et aux enfants vivant en situation difficile, notamment les victimes des guerres et des catastrophes naturelles. 

 

Tous ces problèmes ont été créés par l’homme et sont en partie attribuables au manque de démocratisation des Nations Unies, a-t-il déclaré.  Les décisions porteuses des conséquences les plus graves ne passent plus par l’Assemblée générale, tandis que ses résolutions sont considérées comme de simples recommandations et ignorées « avec désinvolture » alors qu’elles découlent de la volonté de 95% des États Membres, a signalé le Président. 

 

La crise financière actuelle aura des conséquences très sérieuses qui entraveront la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement qui sont, d’ailleurs, insuffisants, a-t-il également averti.  Ce sont les pauvres qui pâtissent de la cupidité effrénée des plus puissants.

 

Le monde actuel a atteint un point de non-retour, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  Si nous choisissons le chemin de la solidarité, nous ouvrirons de nouveaux horizons pour la vie et l’espoir pour tous.  Les populations et les plus désavantagés d’entre nous veulent entendre un engagement universel en faveur des Nations Unies, a-t-il avancé. 

 

Miguel d’Escoto Brockmann a ensuite souhaité que soit respecté le principe de l’égalité souveraine de tous les États Membres.  Chacun doit honorer les engagements pris au titre de la Charte.  Tout manquement serait une attaque contre les Nations Unies et leur efficacité dans la lutte pour la paix, a-t-il notamment déclaré.  Le Président a ensuite rappelé que l’année 2009 avait été déclarée Année internationale de la réconciliation.  Nous devons adopter cet état d’esprit dès maintenant et émerger de ce débat général déterminés à mettre fin à l’arrogance et aux attaques.  Nous devons pardonner à ceux qui nous ont causé du tort et qui se sont désormais engagés à ne plus nous agresser.  Le pardon n’est jamais un signe de faiblesse, a-t-il dit avant de conclure.

 

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a souligné le besoin d’une réponse globale à la crise financière actuelle et de mécanismes de prévention et de contrôle.  L’économie est trop sérieuse pour être laissée aux mains de spéculateurs, dont « l’euphorie » a répandu l’angoisse à travers le monde, a-t-il souligné.  Selon lui, seules les mesures décisives prises par les gouvernements au cœur de la crise permettront de contrôler le désordre qui a frappé le secteur financier mondial.

 

En ce qui concerne la crise alimentaire, qui touche actuellement des milliards de personnes, le Président brésilien a nié qu’elle soit due à la production accrue de biocarburants.  Au contraire, il a attribué la hausse des prix des aliments à celle du prix du pétrole, qui s’est répercutée sur les fertilisants et le transport.  Il a aussi mis en cause le facteur climatique et la spéculation sur les marchés des produits alimentaires.  Pour lui, l’expérience du Brésil démontre que la production d’éthanol, à partir de la canne à sucre, a créé des emplois, réduit la dépendance au pétrole et est restée compatible avec l’expansion de la production alimentaire.

 

M. Lula a également réaffirmé son engagement dans la lutte contre les subventions agricoles « scandaleuses » des pays riches, dans le cadre des négociations commerciales du Cycle de Doha.  Selon lui, un accord commercial aurait un impact positif sur la production d’aliments, notamment dans les pays en développement.  Il a néanmoins cité « avec fierté » l’exemple de son pays dans la lutte contre la faim.  Le Brésil, a-t-il dit, a sorti en cinq ans 9 millions de personnes de la pauvreté extrême et a grossi les rangs de la classe moyenne de 20 millions de personnes supplémentaires.

 

À propos de la crise migratoire, le Président brésilien a regretté l’apparition de nouveaux murs, après la chute de celui de Berlin.  Beaucoup de pays qui prônent la libre circulation des capitaux, continuent à se battre contre les mouvements de personnes, en invoquant des arguments racistes qui rappellent des époques que « nous croyions derrière nous », a-t-il dénoncé.

 

Sur le plan international, le Président brésilien a rappelé que les pays du Sud ont un poids de plus en plus grand dans la politique, l’économie et le commerce.  Il a donc exigé une réforme du Conseil de Sécurité qui reflète cette réalité.  Il s’est déclaré encouragé par la décision de l’Assemblée générale de lancer des négociations dans un avenir proche.

 

M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis d’Amérique, a rappelé l’esprit qui avait présidé à la rédaction de la Charte des Nations Unies, il y a 63 ans, soulignant ainsi la nécessité de réaffirmer la foi dans les droits fondamentaux de l’homme et dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les idéaux de la Charte rencontrent aujourd’hui les défis les plus graves, a estimé M. Bush, qui effectuait là, en tant que chef d’État américain, son dernier discours à la tribune de l’Assemblée générale. 

 

Les mouvements terroristes défient ainsi, selon lui, les principes fondamentaux de la vie humaine ainsi que l’ordre international.  Ils mettent en péril les valeurs de justice et des droits de l’homme, ces valeurs qui ont permis un développement sans précédent de la liberté dans le monde.  Les États souverains ont l’obligation de résoudre leurs problèmes avant qu’ils ne traversent les frontières, a-t-il également déclaré, soulignant l’obligation de respecter le droit. 

 

L’ONU et les autres organisations multilatérales sont plus que jamais nécessaires, a-t-il dit, en mettant en particulier l’accent sur la nécessité de coopérer plus étroitement pour prévenir les attaques terroristes.  En outre, il convient selon lui de contester clairement les conditions qui permettent aux terroristes de prospérer.  Nous devons viser un monde plus sûr, plus prospère et plein d’espoir, a-t-il affirmé.

 

Cette mission, a poursuivi M. Bush, exige une clarté de vision.  Il a indiqué que la communauté internationale était proche d’un accord sur la lutte contre le terrorisme.  Il a rappelé, entre autres, que le Conseil de sécurité avait adopté des résolutions déclarant le terrorisme illégal, et évoqué la position très claire du Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) dénonçant le terrorisme 

 

Si quelques nations comme la Syrie ou l’Iran continuent de commanditer le terrorisme, celles-ci sont moins nombreuses, a-t-il précisé.  Nous devons être vigilants contre la prolifération nucléaire, en mettant en œuvre les dispositions de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, et en demeurant fermes face à l’Iran et à la Corée du Nord, a-t-il dit.

 

Selon le Président Bush, la lutte contre l’extrémisme est une bataille d’idées.  Les nations doivent ainsi, à ses yeux, défier la tyrannie avec autant de vigueur qu’elles défient le terrorisme.  La vérité est que, lorsque les gens ont le choix, ils choisissent la liberté, a-t-il déclaré.  M. Bush s’est félicité de la décision prise hier par le Conseil de sécurité de prolonger l’autorisation de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan. 

 

Nous devons aider le peuple afghan à construire sa jeune démocratie pour que les Taliban ne puissent plus reprendre le pouvoir, a-t-il dit.  En Iraq où « la situation s’est améliorée au cours des derniers mois », il a rappelé le rôle et la stratégie ambitieuse des Nations Unies pour favoriser la démocratie.  Nous devrions tous nous féliciter des progrès pour la stabilité et la paix en Iraq, a-t-il ajouté.

 

De même, nous devons être unis en appuyant le peuple de Géorgie.  L’invasion de la Géorgie par la Fédération de Russie est une violation des termes de la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis travaillent avec leurs alliés, comme l’Union européenne, pour défendre l’intégrité territoriale de la Géorgie et acheminer l’aide humanitaire.  Il a dit également admirer le courage des Géorgiens et leurs sacrifices.  Nous continuerons d’être aux côtés de tous ceux qui défendent la liberté, a-t-il ajouté.

 

Le Président des États-Unis a en outre rappelé que les terroristes trouvaient des terrains de recrutement dans les sociétés désespérées.  Il convient donc d’analyser les causes profondes du désespoir que sont, selon lui, la pauvreté, les maladies et l’ignorance.  Pour être efficaces, nous devons adopter un modèle de partenariat et non de paternalisme, a-t-il ajouté. 

 

Par ailleurs, estimant que le commerce était le moteur du développement, il a jugé décevante l’impasse du Cycle de négociations de Doha.  Il faut, a-t-il dit, renouveler les engagements pris et renoncer à l’isolement économique.  Nos économies sont plus étroitement imbriquées que jamais, a-t-il expliqué. 

 

M. Bush a ainsi énoncé les mesures audacieuses prises pour éviter un effondrement grave de l’économie américaine.  L’Administration américaine et le Congrès travaillent ensemble en vue d’adopter rapidement une loi et une stratégie pour assurer la stabilité des marchés, a-t-il dit.

 

Le chef de l’État américain a enfin estimé que le monde avait besoin d’une organisation efficace et sûre d’elle-même.  Il a fait état de l’oppression endurée depuis trop longtemps par le peuple du Myanmar et des actions du Gouvernement soudanais au Darfour.  Selon lui, l’ONU a un potentiel extraordinaire et doit s’ouvrir à une ère nouvelle de responsabilité et de transparence. 

 

Le monde traverse une autre période de difficultés, a ajouté M. Bush.  Ensemble, nous essayons de lutter contre le terrorisme en vue d’édifier un monde plus juste et meilleur pour les générations futures, a conclu le Président des États-Unis.

 

M. NICOLAS SARKOZY, Président de la France, a souhaité qu’ « au moment où le monde va mal », la communauté internationale assume sa responsabilité politique et morale.  « Nous ne pouvons plus attendre », a précisé le Président Sarkozy, en appelant à la fin de la tragédie au Darfour, à la lutte contre le terrorisme et à la conjuration de la crise alimentaire.

 

Il a appelé les pays à préparer « l’après pétrole », à lutter contre le réchauffement climatique, à préserver la biodiversité, à offrir à chacun l’accès à l’eau et à l’énergie et à en finir avec les dumpings monétaires, sociaux, écologiques.  « Nous ne pouvons plus attendre », a martelé le chef de l’État français.

 

Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de moderniser les institutions, estimant que l’on ne peut pas gouverner le monde du XXIe siècle avec les institutions du XXe siècle.  Il s’est dit convaincu de l’importance de l’élargissement du Conseil de Sécurité et de l’élargissement du Groupe des huit (G-8) à 14 membres, citant la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Mexique et le Brésil comme nouveaux membres et rappelant que l’Italie proposera un grand pas dans cette direction au cours du prochain sommet qu’elle accueillera.

 

Préoccupé par la crise financière, le Président français s’est dit d’avis de réunir, avant la fin de l’année, les chefs d’État et de gouvernement des pays les plus directement concernés afin de réfléchir ensemble et de tirer les leçons de cette crise.  Qui pourrait comprendre que les principales économies ne prennent pas le temps de se réunir pour tirer les leçons de la crise? s’est-il interrogé.  L’activité financière ne doit plus être laissée à la seule appréciation des opérateurs de marché.  Reconstruisons un capitalisme où les banques doivent jouer leur rôle de financiers plutôt que de spéculateurs et où ceux qui mettent en danger l’argent des épargnants soient sanctionnés.

 

Parlant au nom de l’Union européenne, le Président a rappelé les préoccupations de l’Europe en matière de réchauffement climatique et de paix.  L’Europe doit montrer l’exemple, a-t-il dit, avant d’annoncer l’adoption en décembre d’un ensemble de mesures sur l’énergie et le climat.

 

L’Europe, a-t-il poursuivi, a agi pour la paix en Géorgie et avec l’Union pour la Méditerranée.  Elle veut par ailleurs conserver ses liens avec la Fédération de Russie et bâtir avec elle un avenir partagé.  Pourquoi, s’est-il demandé, ne pas construire un espace économique commun qui unirait la Fédération Russie et l’Europe?  Toutefois, il a rappelé que l’Europe ne peut pas transiger sur le principe de la souveraineté et de l’indépendance des États, sur leur intégrité territoriale et sur le respect du droit international.  Et, elle ne peut accepter le recours à la force pour régler un différend.

 

L’Iran, qui a droit à l’énergie nucléaire civile, ne peut se doter de l’arme nucléaire, a souligné le Président, en rappelant que l’Europe ne peut pas tolérer que l’Iran appelle à la destruction de l’État d’Israël.

 

À propos du Moyen-Orient, il a estimé qu’il n’y aura pas de paix sans un État Palestinien viable avec des frontières reconnues.  Par ailleurs, l’Europe restera engagée en Afghanistan et ne permettra pas à des « barbares alliés à Al-Qaïda » de prendre en otage tout un peuple.  Au nom de l’Union européenne, le Président français a dénoncé la piraterie aux larges des côtes somaliennes, en souhaitant lutter contre ce fléau avec le soutien de l’ONU.

 

Mme GLORIA MACAPAGAL-ARROYO, Présidente de la République des Philippines, a indiqué que son pays tente de pratiquer l’autosuffisance alimentaire et énergétique, en suivant une stratégie ciblée pour résoudre les problèmes posés par la hausse des prix.  Nous avons mis en œuvre des décisions parfois douloureuses pour transformer notre économie, a-t-elle expliqué, comme la hausse des impôts et des réformes bancaires.

 

Ces réformes nous ont donné une marge de manœuvre qui nous a permis de résister à la première flambée des prix.  Nous avons été solidaires et avons utilisé des ressources supplémentaires pour garder les pauvres à flot, mais nous avons besoin d’une ONU plus forte que jamais et d’une bonne coopération internationale.  Elle a apprécié le fait que le Secrétaire général ait prévu d’examiner cette année l’impact de l’économie mondiale sur les pauvres.

 

Aux Philippines, a-t-elle poursuivi, nous avons augmenté les distributions de riz et tendu la main au Viet Nam et à d’autres pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a poursuivi la Présidente des Philippines.  Nous avons investi des milliards dans les plantations et nous utilisons davantage les biocarburants et les énergies renouvelables.  Mais ces biocarburants contribuent à l’augmentation du prix des aliments, a-t-elle relevé, expliquant que son pays essaye d’utiliser plutôt des biocombustibles non alimentaires. 

 

Mme Arroyo a abordé ensuite le problème du conflit qui sévit à Mindanao.  Pendant des années, nous avons œuvré pour rétablir la paix dans cette région, a-t-elle assuré, mais certains éléments du Front de libération islamique Moro ont décidé de se faire justice eux-mêmes.  Il faudra reprendre le dialogue dès que les conditions de sécurité seront réunies, a-t-elle assuré.  Mme Arroyo a déclaré solennellement être attachée au processus de paix à Mindanao et salué les efforts de ceux qui ont contribué à la recherche d’une solution. 

 

Elle a gardé espoir dans le dialogue interconfessionnel comme moyen de jeter des ponts entre les communautés.  Les Philippines vont d’ailleurs accueillir la première réunion ministérielle sur le dialogue interreligieux pour la coopération et le développement, en mai prochain.  Le pays prévoit aussi de coopérer avec l’Alliance pour les civilisations.

 

Mme Arroyo s’est réjouie que le Secrétaire général de l’ONU vienne à Manille pour le deuxième Forum mondial sur l’immigration et le développement.  Elle a soulevé la question des nombreux travailleurs philippins qui émigrent, ce qui a des conséquences sur la croissance et le développement aussi bien du pays d’origine que des pays d’accueil.

 

La Présidente a aussi rappelé que les Philippines contribuent de façon importante aux contingents des opérations de maintien de la paix.  Mme Arroyo a conclu en espérant que le monde réalisera son rêve de voir une éducation de plus haut niveau et une santé meilleure, de la nourriture et une vie digne pour tous.

 

CHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, a rappelé que les longues et épuisantes expériences du passé ont démontré que « faire la paix est un acte positif qui demande bien plus que l’élimination du danger des armes ».  Il a affirmé que s’il est vrai que l’humanité n’a point connu de guerres mondiales durant ces 60 dernières années, il est tout aussi vrai que la paix durant cette période est restée inaccessible, car étant entachée par des conflits sur l’ensemble des continents et territoires. 

 

Il a par ailleurs soutenu que réussir la paix requérait l’établissement et la promotion de la justice sociale et économique entre les peuples.  Et c’est cela, a-t-il expliqué, qui constitue la paix positive.  L’Émir qatari a aussi estimé que si les principes de la Charte avaient établi les droits politiques des nations sur la base du droit international, le droit des peuples devait être basé sur l’idée de développement.

 

M. Bin Khalifa Al-Thani a poursuivi en déclarant qu’au regard des réalités actuelles, la paix ne saurait être établie à travers des conflits entre puissances, des accords entre empires ou la coexistence de blocs, ni même à travers une neutralité dite positive.  À contrario, a-t-il expliqué « l’alternative à toutes ces trois options, qui est notre nouveau choix, est la paix positive ».  Concrètement, cela se ramène à l’ère du droit international qui assure les droits politiques et à l’ère du développement qui fournit des opportunités parallèles et égales à un monde qui ne pourra entrer dans l’avenir tant qu’il sera affecté par des politiques injustes ou les ténèbres du sous-développement.

 

Concernant la tenue de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement qui doit se tenir à Doha du 29 novembre au 2 décembre 2008, M. Bin Khalifa Al-Thani, a déclaré: « mon pays attend avec impatience l’émergence d’une coopération internationale qui offre la base la plus large possible à la fois à la paix politique et à la paix sociale ».   

 

L’histoire et l’expérience du Libéria nous ont appris à avoir foi en l’ONU, a déclaré Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, rappelant que l’Organisation maintient près de 11 000 hommes et femmes dans son pays pour l’aider à consolider la paix.  La Présidente a également souligné l’importance de la coopération régionale en matière de paix et de sécurité et a cité les activités de l’Union du fleuve Mano qui regroupe le Libéria, la Guinée, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire.

 

Mme Johnson-Sirleaf a ensuite signalé que le continent africain connaissait une croissance économique sans précédent, tout en déplorant la situation en Somalie et dans certaines parties du Soudan, au Darfour notamment, de même qu’au Tchad, au Niger et en République démocratique du Congo.  Ces pays ont besoin des efforts concertés de l’ONU et d’un plus grand appui de l’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales, a-t-elle estimé. 

 

La Présidente a également réclamé des mesures plus rigides pour garantir un contrôle efficace des armes légères et de petit calibre, et a préconisé la création d’une unité internationale pour répondre au fléau du terrorisme.  La chef d’État a ensuite passé en revue et a remercié les nombreux gouvernements et organisations qui aident le Libéria et l’Afrique à lutter contre la pauvreté, notamment les États-Unis, l’Union européenne, le Forum pour la coopération Chine-Afrique et le Japon.

 

Rappelant ensuite que lorsqu’elle avait accédé à la présidence du Libéria en 2006, celui-ci avait été presque entièrement ravagé par la guerre, la chef d’État a signalé que son pays avait mis en œuvre une Stratégie de réduction de la pauvreté pour la période 2008-2011 qui s’axe sur la consolidation de la paix et de la sécurité, la revitalisation de l’économie, le renforcement de la gouvernance et de l’état de droit, de même que la reconstruction des infrastructures. 

 

Les Forces armées du Libéria et la Police nationale libérienne, deux entités largement méprisées par la population dans le passé selon la Présidente, sont maintenant des organisations modernes et bien formées qui promeuvent la sécurité de la population et non pas celle du régime.  Mme Johnson-Sirleaf a également signalé que l’économie libérienne avait progressé de 9% en 2007 et que des routes, cliniques et établissements scolaires avaient été construits dans l’ensemble du pays. 

 

La production agricole a augmenté et la dette extérieure est sur le point d’être annulée, a-t-elle également indiqué, pour ensuite signaler la mise sur pied, la semaine dernière, d’une commission de lutte contre la corruption.  Nous devons cette réussite phénoménale au peuple libérien et à la communauté internationale qui œuvre sous la direction des Nations Unies, a-t-elle dit. 

 

Je suis venue ici pour plaider vigoureusement en faveur de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), pour qu’elle soit appuyée comme il se doit et puisse ainsi poursuive son mandat, a-t-elle notamment déclaré.  Avant de conclure, Mme Johnson-Sirleaf a également réclamé un plus grand engagement dans la lutte contre le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies qui créent des ravages dans certaines régions africaines, notamment son pays où 6% de la population est victime du VIH/sida.

 

M. ABDULLAH GÜL, Président de la Turquie, a évoqué le rôle de la Charte des Nations Unies qui reflète les aspirations communes et la conscience de l’humanité.  Il a souhaité que l’ONU fournisse une boussole politique et morale et veille à ce que les droits de l’homme soient défendus.  Il a estimé que le besoin le plus pressant consistait à combler le plus rapidement possible le fossé entre les pays très prospères et les moins favorisés.  Il a appelé à la poursuite de la lutte contre la pauvreté, contre l’analphabétisme et contre les changements climatiques qui, selon lui, sont loin d’être résolus.  Il s’est dit inquiet de l’envolée du prix du pétrole, de la crise alimentaire et du ralentissement économique.

 

Le Président de la Turquie a mis en avant l’Alliance des civilisations, initiée par le Secrétaire général de l’ONU conjointement avec l’Espagne.  Il a espéré que ce groupe, composé de 14 organisations internationales et 76 pays des différentes régions d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, continue à croître.  Il a noté que la seconde rencontre de l’Alliance des civilisations se tiendra prochainement, en avril, à Istanbul.

 

Le Président Gül a rappelé que la priorité pour la Turquie est de traiter des problèmes du monde en développement.  Actuellement le pays fournit des équipements pour le développement, la santé, l’éducation et l’agriculture dans différentes régions du monde.  Le pays est reconnu par la communauté internationale comme bailleur de fonds, a-t-il aussi précisé.  La Conférence ministérielle de l’ONU pour les pays les moins avancés (PMA) s’est tenue à Istanbul, l’an passé, démontrant clairement l’engagement de la Turquie dans l’aide humanitaire et l’aide au développement. 

 

Le pays, a ajouté le Président, s’est également engagé en matière de lutte contre le réchauffement climatique et la crise de l’eau.  Le cinquième Forum mondial de l’eau, qui se tiendra à Istanbul en mai, permettra de réfléchir à des actions concrètes et nouvelles.  Le Président turc a aussi rappelé l’engagement de son pays en faveur de la promotion de la paix et de la facilitation du dialogue et de la construction d’une relation solide avec ses États voisins.  Encouragée par ces liens, la Turquie a tenté de prévenir la crise dans le Sud-Caucase. 

 

Selon le Président, la plate-forme de coopération pourrait servir de cadre à des discussions futures et permettre un climat de confiance.  Par ailleurs, le Président Abdullah Gül a mis en avant le dialogue de paix indirect entre la Syrie et Israël qui a débuté sous les auspices de la Turquie en mai dernier, à Istanbul.  Il s’est félicité des processus qui s’établissent entre les pays voisins de la Turquie et qui sont en train de donner de bons résultats. 

 

Il a cependant souhaité trouver un compromis sur les questions qui prêtent à controverse et notamment sur le statut définitif de Kirkuk.  L’Afghanistan est un autre pays dans lequel la Turquie s’est investie, a-t-il rappelé, avant d’appeler à un règlement urgent et pacifique de la question du programme nucléaire iranien en conformité avec les normes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

 

La Turquie a également appuyé les efforts diplomatiques pour un règlement politique à Chypre.  Le processus doit, selon M. Gül, se fonder sur une égalité politique des deux parties.  Il a rappelé que les Chypriotes turcs ont eux voté avec courage pour le plan de 2004.  Enfin, le Président a réaffirmé la volonté de son pays d’occuper un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2009-2010.  Il a rappelé que la Turquie n’avait pas été représentée à l’ONU depuis bientôt 50 ans.

 

Mme CRISTINA FERNÁNDEZ DE KIRCHNER, Présidente de l’Argentine, a lancé un appel à la réforme des institutions multilatérales, notamment financières, et a renouvelé la demande faite à l’Iran de lui remettre ses citoyens accusés de participation dans un attentat au début des années 90 à Buenos Aires pour qu’ils soient jugés dans son pays.

 

Pour démontrer le besoin de réformer les institutions financières multilatérales, Mme Fernández a souligné le paradoxe de la crise financière actuelle, en la comparant avec les recommandations données aux pays latino-américains, notamment dans les années 90, au nom du dénommé « Consensus de Washington ».  Les règles exigeaient alors que le marché devait se réguler tout seul, que l’interventionnisme n’était pas nécessaire, a-t-elle rappelé.  Or, l’intervention étatique la plus formidable « dont nous ayons le souvenir » vient de se produire, précisément là d’où venaient les directives de ne pas agir ainsi, a-t-elle déploré.

 

La Présidente argentine a attribué la crise financière à une « économie de casino », tout en rappelant que l’argent ne produit pas d’argent sans passer par le circuit de la production ou le travail.  Elle a rappelé que la crise ne portait cette fois pas le nom d’« effet caïpirinha » ou « tequila », les pays émergents n’en étant pas responsables.  En revanche, elle pourrait bien s’appeler cette fois-ci « effet jazz », vu qu’elle a commencé aux États-Unis, a-t-elle déclaré.  Elle s’est néanmoins félicitée que les États-Unis ne doivent pas obéir aux directives du Fonds monétaire international (FMI) pour s’en sortir, comme son pays dans les années 90.

 

Mme Fernández a également demandé une réforme des Nations Unies, en appelant à reconstruire un multilatéralisme qui s’est perdu et qui a rendu le monde « moins sûr ».  Comme exemple à suivre, elle a cité l’Amérique du sud, notamment le récent Sommet de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), où les chefs d’État d’opinions politiques différentes ont approuvé une résolution unanime de soutien au Gouvernement bolivien.

 

Après avoir réaffirmé l’engagement de son pays avec la cause des droits de l’homme, Mme Fernández a réitéré l’appel à l’Iran lancé l’an dernier par son prédécesseur Nestor Kirchner.  Elle a promis un procès juste, équitable et avec toutes les garanties pour les citoyens iraniens, accusés d’avoir participé dans un attentat contre la communauté juive argentine en 1994 à Buenos Aires.

 

La Présidente argentine a également abordé la question de l’archipel des Malouines.  « La honte » que représente cette enclave coloniale au XXIe siècle doit prendre fin, a-t-elle exigé, tout en demandant au Royaume-Uni d’ouvrir le dialogue sur ces îles.

 

M. MARC RAVALOMANANA, Président de la République de Madagascar, a appelé à se concentrer sans relâche sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, malgré les crises mondiales actuelles.  Ce serait une erreur que de laisser ces préoccupations, certes importantes, passer devant les OMD dans le programme d’action des Nations Unies, a-t-il averti.  Le Président a ensuite exprimé sa gratitude à l’égard des donateurs et des organisations internationales dont les programmes ont permis d’améliorer les conditions de vie du peuple de Madagascar et de millions de personnes en Afrique.

 

Pour son pays, il a donné l’exemple du taux de scolarisation dans le primaire qui est passé de 67% à 92% au cours des cinq dernières années.  Cependant, a ajouté le Président, cette aide est insuffisante.  Après avoir rappelé que les principaux donateurs n’ont pas respecté leurs engagements en vue d’atteindre l’objectif de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) versé pour l’aide publique au développement, il a exhorté ces pays à faire preuve de détermination pour faire comprendre à leurs peuples l’importance de cette aide pour la stabilité et la paix dans le monde.

 

Abordant le grave problème de la crise alimentaire mondiale, M. Ravalomanana a rappelé qu’elle résulte en partie des pratiques des pays développés et de la dépendance par rapport au marché mondial dans laquelle sont placés les pays en développement.  Il a appelé la communauté internationale à agir d’urgence pour contrer les effets négatifs de la hausse des prix sur les pauvres et les pays vulnérables, notamment en réformant les politiques de subventions agricoles des pays développés.

 

En Afrique, il faut aider les 80% de la population qui travaillent dans la petite production agricole en leur donnant un accès au financement, une formation et des équipements.  À Madagascar, a poursuivi le Président, nous promouvons l’utilisation du système d’intensification de la production rizicole, qui se base sur les ressources naturelles du pays et assure un équilibre écologique.  Nous essayons pour le moment de maintenir le prix du riz à un niveau suffisamment bas pour que les pauvres, qui représentent 70% de la population, puissent s’en procurer.

 

Les autres défis à relever ont trait aux changements climatiques, à la hausse des prix de l’énergie, à la pénurie de pétrole, au caractère imprévisible des marchés financiers et autres menaces pour la paix et la sécurité, a indiqué le Président malgache.  Il a fait remarquer que les ressources prévues pour atteindre les OMD ont été utilisées à d’autres fins, comme la stabilisation du marché de l’alimentation.  Cela ne doit pas conduire les donateurs à renoncer à leurs promesses pour l’éducation, la santé et les infrastructures pour les pays en développement.

 

Le Président a insisté sur l’importance de l’aide internationale et a demandé que les autres défis actuels entrainent la mobilisation d’autres ressources et efforts.  Il nous faut « un nouveau Plan Marshall » pour l’Afrique, a-t-il proposé, appelant notamment l’ONU à mobiliser les ressources et la volonté politique pour s’attaquer aux problèmes les plus graves.  Le Président a aussi salué les initiatives du secteur privé, comme les actions des fondations qui jouent un rôle très important en Afrique.  Il a enfin parlé du Plan d’action de Madagascar (MAP) qui, sur cinq ans, entend promouvoir une croissance rapide et réduire la pauvreté.

 

M. BORIS TADIĆ, Président de la Serbie, a souligné qu’en dépit du fait que le monde avait changé depuis 1945, les Nations Unies restaient l’unique cadre universel, et l’institution intergouvernementale qui nous unissait en tant que communauté d’États souverains.  Il a tenu à rappeler que le caractère sacro-saint du principe de souveraineté internationale et son corollaire le respect de la souveraineté de chaque État et de son intégrité territoriale, constituaient le socle même de la longue légitimité des Nations Unies.

 

Le Président de la Serbie a, par la suite, affirmé que son pays était au cœur de l’un des grands défis du système international depuis la création de l’Organisation des Nations Unies, à savoir « la déclaration d’indépendance unilatérale, illégale et illégitime des autorités ethniques albanaises de la province australe du Kosovo et de Metohija ».   

 

M. Tadićaexpliqué que ce territoire est pour les serbes « le creuset de leur identité », avant d’ajouter que cette tentative de sécession qui a eu lieu le 17 février 2008, s’est faite en violation directe de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d’Helsinki et de la résolution 1244 de 1999 du Conseil de sécurité.    

 

Il a en outre déclaré que cette proclamation unilatérale d’indépendance équivalait à une tentative de partition d’un État Membre des Nations Unies sans sa volonté, et cela au mépris de la ferme opposition du Conseil de sécurité qui cherche à apaiser l’instabilité menaçant les minorités ethniques.

 

Il a précisé que face à cette situation, son pays avait répondu avec la plus grande responsabilité et retenue, afin de contribuer au maintien de la stabilité régionale.  « Tout en rejetant catégoriquement la violence et l’unilatéralisme, nous insistons avec vigueur pour que justice soit faite à travers les voies légales mises à la disposition de tout État Membre des Nations Unies », a ajouté le Président serbe, avant d’annoncer que son pays avait soumis un projet de résolution à l’Assemblée générale l’appelant à solliciter un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur « la légalité de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo ».

 

Pour le chef de l’État serbe, un vote favorable à l’adoption de cette résolution consisterait à réaffirmer un autre principe international fondamental en jeu: celui du droit de tout Membre des Nations Unies à poser une question simple et élémentaire sur un sujet qu’il considère vital, à la juridiction compétente.  Et tout vote négatif signifierait le contraire.    

 

Pendant que la CIJ délibérera, la Serbie restera un partenaire de bonne foi de l’administration intérimaire au Kosovo.  Le caractère opérationnel d’une présence civile internationale reconfigurée sous l’autorité des Nations Unies, telle que défini par la résolution 1244, est d’une grande importance pour mon pays, a souligné le Président.  

 

La présence doit rester neutre sur la question du statut du Kosovo.  Elle ne saurait donc être fondée sur la proposition de l’ancien Envoyé spécial du Secrétaire général pour le statut futur du Kosovo, qui, a rappelé le Président, a été rejeté par la Serbie et non approuvée par le Conseil de sécurité.

 

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, pour que la présence de l’Union européenne au Kosovo soit pleinement ancrée dans un cadre acceptable et légitime, il est essentiel que son mandat soit approuvé par le Conseil de sécurité.  Enfin, le PrésidentTadić a réaffirmé qu’en tant que membre fondateur du Mouvement des non-alignés, la Serbie entendait continuer à contribuer à l’édification d’une communauté internationale dévolue à la promotion des relations internationales, du développement économique et social et des droits de l’homme.

 

M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie et Président en exercice de l’Union africaine, a affirmé que l’Afrique était désormais un continent qui s’ouvrait pleinement à la démocratie, à la bonne gouvernance, à l’état de droit et au respect des droits de l’homme.  Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays a été progressivement remplacé par celui de la non-indifférence aux violations des règles démocratiques et des droits de l’homme. 

 

Il reste toutefois beaucoup à faire pour renforcer la capacité de l’Union africaine en matière de prévention et de résolution des conflits, de même que celle des organisations régionales s’occupant de consolidation de la paix, a reconnu le Président tanzanien.  Seules trois situations de conflit en Afrique méritent d’être discutées devant l’Assemblée générale, a-t-il poursuivi en citant le Darfour, la Somalie et la République démocratique du Congo (RDC). 

 

Au Darfour, il a estimé que la situation humanitaire s’améliorera le jour où les contingents de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies (MINUAD) seront entièrement déployés et quand les pourparlers entre les rebelles et le Gouvernement soudanais seront menés à leur terme.  Le Président a expliqué que, pour l’Union africaine, l’inculpation du Président soudanais Omar Al-Bashir par la Cour pénale internationale (CPI) compliquerait le déploiement de la MINUAD et la gestion de la crise humanitaire dans la région. 

 

Prônant l’ajournement de cette mesure, il a cependant tenu à préciser qu’il ne fallait pas interpréter cette position comme une manière de tolérer l’impunité.  Nous sommes simplement soucieux de hiérarchiser les priorités, de façon à permettre l’acheminement rapide de l’aide aux populations en détresse et obtenir la coopération et le soutien essentiels des autorités soudanaises.

 

S’agissant de la Somalie, il a appelé l’ONU à assumer ses responsabilités de maintien de la paix le plus vite possible, avant que la Mission de l’Union africaine ne soit débordée.  En ce qui concerne la RDC, M. Kikwete a regretté la poursuite des combats entre les Forces armées congolaises et le groupe rebelle du général Laurent Nkunda et les risques pour les pays voisins. 

 

Évoquant également le cas du Zimbabwe, le Président de la Tanzanie a déclaré que le 15 septembre dernier, une étape déterminante avait été franchie lorsque les trois parties au conflit ont signé un accord historique en vue de mettre fin à leurs différends et de former un Gouvernement d’unité nationale. 

 

Au sujet de la réforme de l’ONU, le Président tanzanien a réitéré la position de l’Union, qui demande deux sièges permanents, avec droit de veto, au Conseil de sécurité, ainsi que deux autres sièges non permanents.  Il a en conclusion attiré l’attention sur deux questions dont la nécessité pour le Conseil de sécurité de hâter la fin du processus en cours au Sahara occidental afin de permettre au peuple sahraoui de s’autodéterminer. 

 

M. Kikwete a également dit que la « juridiction universelle » pratiquée par certaines nations européennes était devenue désormais un problème de harcèlement pour les dirigeants africains.  Cette question a été soulevée lors du dernier Sommet de l’Union africaine, a-t-il indiqué. « Nous avons maintenant l’intention de solliciter les Nations Unies pour que soit prise une action appropriée à cet égard », a-t-il conclu.

 

M. DIDJOB DIVUNGI DI NDINGE, Vice-Président du Gabon, a mis d’emblée l’accent sur la crise alimentaire, qui résulte selon lui de causes à la fois structurelles et conjoncturelles.  En effet, a-t-il expliqué, la prédominance des cultures bioénergétiques, l’application de politiques commerciales s’appuyant sur les subventions et les restrictions des exportations ont un impact désastreux sur la sécurité alimentaire.  Il a appelé à la mise en œuvre effective de la Déclaration de Maputo de juillet 2003, définissant le cadre pour l’accélération du développement agricole et de la sécurité alimentaire, ainsi que de celle d’Abuja de 2006, prônant la révolution verte en Afrique. 

 

C’est dans le cadre de cette dynamique que le Gabon a pris des mesures fiscales et budgétaires urgentes assorties de la suspension, pour une période de six mois, des droits et taxes à l’importation des produits de consommation courante, ainsi que de la suspension de la TVA pour les mêmes produits, occasionnant ainsi une perte de 10 milliards de francs CFA à l’État. 

 

Le défi de l’alimentation étant étroitement lié à celui des changements climatiques, M. Ndinge a souligné qu’il fallait tout mettre en œuvre pour réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre.  Il a rappelé que le Gabon, dont la forêt est considérée comme le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie, avait décidé d’assumer sa part de responsabilité en consacrant 11% de son territoire à l’humanité avec, entre autres, la création de 13 parcs nationaux. 

 

Abordant ensuite la question essentielle du développement et du soutien indispensable de la communauté internationale aux pays en développement, le Vice-Président a appelé au doublement de l’aide publique au développement (APD), à l’introduction de méthodes novatrices en matière de financement du développement et à l’annulation de la dette.  Cet appel, a ajouté M. Ndinge, porte aussi sur les différentes contraintes qui pèsent sur les pays en développement, particulièrement la pandémie de VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies infectieuses.

 

En ce qui concerne la paix et la sécurité internationales, le Vice-Président a souhaité le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU en Somalie.  Il a aussi évoqué les situations qui prévalent au Darfour, entre le Tchad et le Soudan et en Côte d’Ivoire.  Le Vice-Président gabonais a déclaré en conclusion que les multiples défis qu’il venait d’évoquer ne pourraient être relevés qu’à l’issue d’une action collective au niveau mondial. 

 

Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a fait observer que, tout en faisant face à des conflits d’un nouveau type, comme les changements climatiques ou la crise alimentaire, la communauté internationale n’était pas parvenue à mettre fin aux crises conventionnelles.  Elle a donc estimé urgente la nécessité d’adapter l’architecture internationale à tous ces défis.  Des Nations Unies efficaces sont indispensables pour trouver des solutions communes à notre avenir. 

 

À cet égard, Mme Halonen a rappelé qu’elle avait eu le plaisir de présenter, au début de la semaine, au Secrétaire général, les conclusions du rapport final du Processus d’Helsinki sur la mondialisation et la démocratie.  Le message politique de cette initiative conjointe de la Finlande et de la Tanzanie souligne que certains des défis posés par la mondialisation peuvent être résolus au travers du dialogue multipartite et que l’ONU peut jouer un rôle important dans la facilitation et le développement de nouvelles pratiques aux fins d’une telle coopération.

 

La Présidente finlandaise a indiqué que le défi des changements climatiques devait être relevé sans tarder, sous peine de rendre caducs les progrès accomplis dans le domaine du développement durable.  Les Nations Unies doivent prendre la direction des efforts à cet égard, a-t-elle insisté.  S’il est évident que les pays développés doivent assumer leur part de responsabilité dans l’atténuation des effets des changements climatiques, Mme Halonen a aussi prévenu que les négociations en cours ne pourraient aboutir sans une participation intensive des pays en développement. 

 

Il y va de leur intérêt, a-t-elle dit, dans la mesure où la pauvreté, particulièrement en milieu rural, peut être réduite par la gestion durable des ressources naturelles.  Annonçant qu’elle aura le plaisir d’organiser, conjointement avec son homologue du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, le colloque international sur l’autonomisation des femmes qui se tiendra dans ce pays en mars prochain, la Présidente finlandaise a indiqué que les participants à cette conférence se pencheront sur le rôle des femmes dans la lutte contre les changements climatiques et dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et du leadership.

 

Afin de renforcer la sécurité alimentaire, Mme Halonen a fait remarquer qu’aux réponses de court terme, devaient s’ajouter des politiques de moyen et de long termes.  Ainsi, soutenir le secteur rural est crucial pour atteindre un développement, une croissance et un bien-être durables et équitables.  Plus important encore, la promotion des meilleures pratiques agricoles figure parmi les mesures d’adaptation les plus pertinentes aux changements climatiques.  Mais elle a aussi estimé que cette crise alimentaire offrait des opportunités.  En effet, si les pays en développement sont soutenus dans l’esprit de l’initiative d’aide pour le commerce, ils pourront mieux tirer profit de leurs potentiels agricoles respectifs, y compris à l’exportation.

 

En matière de paix et de sécurité internationales, Mme Halonen a estimé que le renforcement de la coopération et de l’efficacité entre l’Union européenne et les Nations Unies était une priorité.  Au Kosovo -et plus récemment en Géorgie– nous devons continuer de coopérer étroitement entre les Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-elle exhorté. 

 

Une coopération accrue avec l’Union africaine est également indispensable, la présence permanente de cette Organisation au Tchad et en République centrafricaine étant de nature à contribuer à la stabilité nationale et régionale.  La Présidente Halonen a relevé en conclusion que les conflits multidimensionnels d’aujourd’hui exigeaient une approche globale en matière de sécurité.  Le commerce, les politiques de développement et l’aide humanitaire doivent être utilisés au même titre que les outils plus traditionnels de gestion des crises, et les femmes et les enfants encouragés à prendre part aux activités de consolidation de la paix.

 

M. HARIS SILAJDŽIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que lors de sa première intervention devant l’Assemblée générale en 1992, il avait plaidé pour que son pays nouvellement indépendant se voie octroyer le droit de légitime défense.  Certains membres de la communauté internationale ont insisté pour le maintien de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité en 1991, a-t-il signalé, accentuant ainsi l’avantage militaire du régime de Slobodan Milosevic et provoquant une effusion de sang d’innocents, notamment le massacre de Srebrenica de juillet 1995. 

 

Par leurs actions et leurs omissions, les Nations Unies doivent assumer une part de responsabilité pour les crimes commis à Srebrenica, a affirmé M. Silajdžić, pour ensuite avertir que la crédibilité de l’Organisation était trop importante pour que le monde continue à porter le « fardeau » de cet échec.  Il a ainsi engagé l’ONU à rectifier les erreurs du passé, évoquant notamment les articles de la Commission du droit international portant sur la responsabilité des États et adoptés par l’Assemblée générale en 2001 dans la résolution 56/83. 

 

Il a expliqué que ce texte stipule qu’aucun État ne saurait reconnaître comme légale une situation provoquée par une entrave grave aux normes péremptoires du droit international, ni fournir une aide ou assistance permettant le maintien de ladite situation.  Le Président a ensuite posé la question de savoir comment on peut invoquer ces principes pour procéder à l’arrestation de Radovan Karadžić et dans le même temps, ne rien faire pour supprimer les conséquences de ses actes dont le caractère « ethniquement propre » d’une vaste partie du territoire de la Bosnie et le désarroi d’un million de réfugiés et de personnes déplacées.

 

La mise en œuvre des Accords de paix Dayton, a accusé M. Silajdzic, a été victime de pratiques « systémiques, continues et délibérées » de la Republika Srpska pour prévenir le retour des minorités.  Si on ne répare pas ce tort, comment célébrer le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme?  « Comment célébrer le soixantième anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide si le premier et seul jugement de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le crime de génocide reste confiné dans les archives », s’est-il interrogé.

 

Le Président de la Bosnie-Herzégovine a ensuite signalé que son pays s’apprêtait à rédiger une nouvelle constitution.  À ceux qui cherchent à légitimer la violation systématique des Accords de paix de Dayton, nous devons dire que le génocide ne saurait être récompensé car une telle position saperait les chances de paix et de stabilité durables en Bosnie-Herzégovine, a-t-il averti.

 

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a exigé des garde-fous pour que « la juridiction universelle » ne soit pas utilisée « à mauvais escient » par des nations puissantes pour étendre leur juridiction aux dépens de nations plus faibles.  L’ONU, a-t-il souligné, a le devoir de garantir que la juridiction universelle réponde à ses objectifs originaux de rendre justice et équité, pour éviter le chaos que pourrait engendrer un juge en appliquant ses propres lois à d’autres pays souverains.

 

Le Président du Rwanda a également rappelé que le processus visant à trouver une solution intégrale à la question des génocidaires au Rwanda n’est pas encore achevé.  Il a cependant assuré que son pays était prêt à faire sa part, dans le contexte d’objectifs plus larges pour consolider la stabilité et la paix sur le continent.

 

À propos de la lutte contre la faim, M. Kagame a assuré que la stratégie de réduction de la pauvreté de deuxième génération prend de l’ampleur en Afrique.  Selon lui, l’économie de son pays croît actuellement au rythme de 7%.  Le Rwanda, a-t-il indiqué, continue à approfondir son intégration régionale, une condition « essentielle » pour un marché plus grand et dynamique.

 

Les changements climatiques représentent l’un des défis les plus critiques de notre époque, a assuré M. Kagame, tout en soulignant que l’Afrique est gravement touchée, comme le démontre la croissance continue des déserts et des zones arides.  M. Kagame a souligné que son pays prend ce problème au sérieux, en intensifiant notamment les efforts de reforestation, la création de terrasses et l’irrigation, afin de disposer d’une utilisation plus efficace des ressources d’eau et de terre, ainsi que pour prévenir l’érosion de la terre.

 

Le Président du Rwanda s’est également félicité des bons résultats obtenus par les candidates aux récentes élections à l’Assemblée nationale, où les femmes ont accru leur représentation de 49% à 55%, démontrant ainsi les progrès du pays vers la réalisation d’une vision d’un Rwanda « uni, démocratique et prospère ».

 

M. VALDAS ADAMKUS, Président de la Lituanie, a relevé que de nombreuses nations, grandes ou petites, font face aujourd’hui à davantage de défis qu’il y a 10 ans.  À cause d’une structure du système international qui se fissure, nous ne sommes plus protégés par le droit international et les institutions internationales, a-t-il estimé.  On le constate plus particulièrement en Europe de l’Est, où par exemple l’approvisionnement en pétrole en Lituanie, a été coupé sans préavis.  Le Président a donc invité l’ONU à ne pas rester passive, comme cela a été le cas récemment quand la Géorgie, État Membre depuis 1992, a été agressée.  Peut-être que nous n’avons pas réagi parce qu’une des parties à ce conflit est un membre permanent du Conseil de sécurité, ou alors parce que notre foi dans l’ONU s’est affaiblie, s’est interrogé M. Adamkus.

 

Rappelant que les Nations Unies ont pour mission de protéger la vie humaine et les droits de l’homme, le Président lituanien a parlé des 26 millions de personnes déplacées dans le monde, comme au Soudan, en Somalie, dans les nations du Sud-Caucase, en Géorgie, et en Azerbaïdjan.  Si l’ONU n’assume pas son rôle de chef de file, c’est parce que certains États se cachent derrière les aspects techniques ou le bouclier de la souveraineté nationale, ce qui paralyse l’Organisation, a-t-il déclaré.  L’ONU doit donc être réformée pour jouer un plus grand rôle dans des domaines comme l’énergie, la sécurité de l’information, la lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme, a ajouté le Président.

 

Presque 70 ans après les protocoles secrets Molotov-Ribbentrop et 17 ans après l’indépendance retrouvée par son pays, le Président lituanien a regretté devoir encore lutter contre le révisionnisme du Kremlin, qui nie l’occupation des États baltes.  Cette tentative de couvrir des crimes contre l’humanité devrait réveiller la communauté internationale, a-t-il estimé.  Il a indiqué que son peuple commémore aujourd’hui la Journée du génocide des juifs lituaniens.

 

Pour réformer l’ONU, M. Adamkus a invité les États Membres à se baser sur l’expérience des nations européennes après la Deuxième Guerre mondiale et après la guerre froide, en renforçant notamment la démocratie et la sécurité.  Celle-ci doit se baser sur la coopération et doit demeurer le principe de base des diverses organisations européennes, selon lui.  Il a aussi rejeté le principe d’« équilibre des pouvoirs » et de zones d’influence.  La solution au conflit en Ossétie du Sud, en Abkhazie ou ailleurs, relève de la responsabilité de la communauté internationale et des institutions internationales, a-t-il affirmé.

 

M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a dénoncé les systèmes injustes de certaines puissances, l’oppression imposée en Iraq, en Palestine, au Liban, en Afrique, en Amérique Latine et en Asie et les efforts pour briser les familles.  Il a regretté la course aux armements et a rappelé la précarité des mécanismes existants.

 

Dans la première partie de son discours, M. Ahmadinejad a expliqué sa conception du monde en relation avec Dieu, jugeant que l’origine des problèmes vient du monde.  La justice est, selon lui, le fondement de l’humanité et de tout l’univers alors que les agresseurs, du fait de leur pouvoir financier politique et de propagande, échappent à la punition. 

 

Pour étayer son discours, le Président de la République islamique d’Iran a tout d’abord dénoncé la situation en Iraq.  Le pays a été attaqué sous le faux prétexte d’y découvrir des armes de destruction massive.  Le dictateur a été renversé et les armes n’ont pas été trouvées, a-t-il dénoncé.  Un Gouvernement démocratique a été établi et six ans après, les occupants sont encore là.  Des millions de personnes ont été tuées ou déplacées et les occupants sans honte cherchent à consolider leur position dans la région ainsi qu’à dominer les ressources en pétrole, a regretté M. Ahmadinejad. 

 

Il a ensuite pointé du doigt les 60 ans « de carnage et d’invasion » en Palestine par des criminels sionistes.  Ils ont déplacé et tué les propriétaires des terres et ils envahissent, assassinent et maintiennent des blocages alors que certains hégémonistes les supportent, a fustigé le Président iranien.

 

Il a poursuivi son état des lieux en déplorant la situation en Afghanistan où la production de narcotiques s’est accrue depuis la présence des Forces de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  Le terrorisme s’étend et des personnes innocentes sont tuées chaque jour dans la rue, les marchés, les écoles et au cours des cérémonies de mariage.  Les Afghans sont les victimes de l’empressement des membres de l’OTAN à dominer les régions aux alentours de l’Inde, de la Chine, et du sud de l’Asie.  Le Conseil de sécurité ne peut rien faire car certains des membres sont les décideurs, a critiqué le Président Mahmoud Ahmadinejad.

 

Selon lui, en Afrique les efforts sont faits pour rétablir les relations dans les aires coloniales en lançant des guerres civiles dans de grands pays, notamment au Soudan.  En cas de résistance, les gens font l’objet de pression, a-t-il estimé.

 

Concernant le programme nucléaire iranien, il a noté qu’en dépit du droit inaliénable de toutes les nations, y compris de l’Iran, à produire du combustible nucléaire et malgré la pleine coopération de l’Iran avec les inspecteurs de l’AIEA, quelques puissances cherchent à exercer une pression politique et économique sur l’Iran en proférant des menaces.  Il a ajouté que ce sont les mêmes puissances qui ont perpétré les attaques à Hiroshima et à Nagasaki.

 

M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a tenu à remercier le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, pour son insistance à attacher une priorité particulière aux problèmes spécifiques du Liban dans le cadre du mandat qui lui est confié.  Son intérêt, a-t-il soutenu, a contribué à jeter les fondations, et à définir les directives et les principes contraignants pour faire face aux crises. 

 

Le Président a exprimé toute sa gratitude à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban(FINUL), tout en félicitant le Secrétaire général pour la reconnaissance de la coopération de l’armée libanaise avec cette entité.  Conscients des sacrifices consentis par cette Force internationale, M. Michel Sleiman a tenu à rassurer la communauté internationale sur la détermination de son pays à assurer sa propre sécurité « contre les attentats terroristes ». 

 

Élu à la tête du Liban le 25 mai 2008, Michel Sleiman prononçait ici son premier discours à la tribune des Nations Unies, en qualité de chef de l’État.  Il a ainsi saisi cette occasion pour rappeler que son pays qui se prépare à organiser ses prochaines élections parlementaires en 2009, « représente la plus ancienne démocratie parlementaire au Moyen-Orient » et que sa Constitution remonte à 1926.  M. Sleiman a aussi rappelé que le Liban était un Membre fondateur des Nations Unies et qu’il avait participé à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948.   

 

Abordant ensuite les rapports du Liban avec l’État d’Israël, le Président libanais a affirmé que depuis la fin des années 60, son pays « a été la cible de deux grandes invasions israéliennes et d’une série d’attaques ayant coûté nombre de vies et de ravages aux biens et infrastructures », avant d’ajouter que les registres des Nations Unies témoignaient de ces brutalités.  Il a maintenu que son gouvernement continuera à rechercher, au niveau international, les moyens de forcer Israël à payer les indemnisations dues pour tous ces différents dommages.  

 

Le Président a tenu à réaffirmer l’engagement total du Liban à l’égard de la série de résolutions adoptées par les Nations Unies, appelant au respect de l’indépendance et de la souveraineté du Liban et notamment les résolutions 425 et 1701 du Conseil de sécurité.  Il a ensuite expliqué qu’Israël continuait à refuser de se conformer à la volonté du Conseil de sécurité et que son pays faisait toujours face à des dangers.  C’est ainsi qu’il a soulevé une série d’exigences et de propositions dont il souhaitait voir la communauté internationale faire siennes.

 

Ainsi en va-t-il de l’appel à contraindre Israël à appliquer pleinement la résolution 1701 et à mettre un terme à ses menaces de lancer une nouvelle guerre contre le Liban.  Il a aussi appelé à la récupération ou à la libération des territoires libanais occupés et à la fin des violations aériennes.   Il a aussi réclamé toutes les cartes des mines terrestres et des sites de bombes à fragmentation plantées sur le sol libanais.  Le Président a aussi évoqué les attaques terroristes israéliennes, avant de rappeler l’adoption d’une Stratégie nationale visant à protéger le Liban.

 

Durant son intervention, M. Sleiman a aussi réaffirmé son attachement au Tribunal international créé en vertu de la résolution 1757 et chargé d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri et ses compagnons.  

 

Centrant son intervention sur la situation dans l’ensemble du Moyen-Orient, le Président a attiré l’attention sur l’impossibilité, pour un petit pays comme le sien, de fournir des moyens décents à plus de 400 000 réfugiés palestiniens sur son territoire, « alors que la population libanaise est contrainte à l’émigration pour la recherche de moyens de subsistance ».

 

Le Président a en outre rappelé la visite qu’il a effectuée en Syrie, le 13 août dernier, à l’issue de laquelle une déclaration conjointe a été publiée.  Il a conclu en annonçant la candidature de son pays à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2010-2011.

 

M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, s’est tout d’abord félicité de l’Accord de réconciliation nationale conclu le 28 février dernier et qui a ouvert la voie au rétablissement d’un Gouvernement de coalition représentant toutes les sensibilités politiques de son pays.  Il s’est dit confiant dans le fait que, d’ici quelques mois, le Kenya aura regagné tout son prestige et rétabli son image de nation pacifique. 

 

Alors que l’Afrique est confrontée aux défis consistant à mettre en place des processus électoraux dans des démocraties fragiles divisées par des divergences régionales, ethniques et religieuses, l’heure est venue pour elle, a lancé M. Kibaki, de réfléchir au rôle de tels processus dans la consolidation des institutions démocratiques naissantes.  En effet, le défi de mettre en place des gouvernements élus inclusifs et démocratiques est au cœur des conflits et de l’insécurité qui prévalent dans de nombreuses régions d’Afrique.

 

Ainsi, au Soudan, par exemple, l’Accord de paix global est toujours en panne, trois ans après sa conclusion.  Aussi, le Président kényen a-t-il exhorté les signataires de cet Accord à surmonter les difficultés qu’ils ont connues récemment et à intensifier leurs efforts en vue de le mettre pleinement en œuvre.  En Somalie, la situation reste fragile, principalement en raison du manque de soutien de la communauté internationale au Gouvernement fédéral de transition, a-t-il regretté. 

 

M. Kibaki a donc encouragé les Nations Unies à assumer une plus grande responsabilité dans ce pays.  Évoquant ensuite la situation dans les Grands Lacs, il a appelé toutes les parties concernées à mettre en œuvre de bonne foi le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement.

 

Saluant l’importance accordée par cette session de l’Assemblée générale à la crise alimentaire mondiale, le Président kényen a proposé, comme mesure immédiate, que les États Membres de l’ONU mettent à disposition des populations en détresse des vivres en quantité suffisante et à un prix abordable.  À moyen terme, il a proposé de relever le défi de la productivité agricole, particulièrement en matière de diversification des cultures, des techniques agraires modernes et d’engrais bon marché pour aider les petits exploitants africains à faire leur révolution verte. 

 

À cette fin, des partenariats mondiaux seront nécessaires entre nations développées, institutions internationales et nations en développement.  En particulier, a souligné le Président, de tels partenariats devraient placer la sécurité alimentaire, l’élaboration et le transfert de technologies agricoles, et enfin le crédit au commerce et à l’agriculture, au centre des priorités de développement.  Dans ce contexte, la communauté internationale devrait hâter le consensus sur l’agriculture et d’autres questions en suspens, en vue de conclure avec succès le Cycle de développement de Doha.

 

Enfin, partisan d’une ONU plus efficace et responsable, M. Kibaki a plaidé en faveur d’un Conseil de sécurité dont la composition refléterait un équilibre géographique équitable entre les États Membres de l’Organisation.  C’est pourquoi il a estimé que l’Afrique devait obtenir une représentation permanente au sein d’un tel Conseil.  Des réformes sont également nécessaires dans d’autres domaines, comme au Conseil économique et social, a-t-il ajouté.

 

M. MARTÍN TORRIJOS ESPINO, Président du Panama, a proposé le lancement d’une réforme transitoire fondamentale de l’ONU d’ici à la fin de la décennie, comme premier pas vers la modernisation de l’Organisation, tout en demandant le renforcement du rôle de l’Assemblée générale pour faire face à la crise alimentaire qui frappe actuellement les plus pauvres de la planète.

 

M. Torrijos a souscrit à l’appel à la démocratisation de l’ONU lancé par le Président de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann, tout en rappelant qu’il montait à la tribune pour demander pour la cinquième fois en cinq ans une réforme de l’ONU.  Selon lui, une réforme transitoire permettrait de commencer à faire tourner la roue de la modernisation.  Des petites réformes, même si elles semblent insignifiantes au départ, entraînent souvent d’autres plus profondes, a-t-il assuré.  « Nous devons bien commencer par quelque chose », a-t-il insisté.

 

Dans le contexte de la crise alimentaire actuelle, le Président du Panama a rappelé la mission principale de l’ONU qui est de préserver la paix, non seulement en évitant des conflits armés, mais en élimant les facteurs qui peuvent mettre en danger la paix sociale.  Or, la crise alimentaire, exacerbée par une spéculation injustifiée sur les marchés, a déjà provoqué des troubles sociaux, a-t-il expliqué.

 

Pour faire face à cette crise, M. Torrijos a appelé au renforcement du rôle de l’Assemblée générale pour qu’elle agisse « avec autorité » face à des situations comme celles d’aujourd’hui.  Selon lui, l’Assemblée pourrait déclarer que les prix élevés des aliments constituent une menace pour la paix sociale, afin que toutes les forces gouvernementales, le secteur privé et les organisations internationales lancent, conjointement, une « croisade » pour sauver des millions de personnes.

 

Le Président du Panama s’est d’ailleurs indigné des centaines de milliards de dollars qui viennent d’être déboursés pour sauver des entreprises commerciales, touchées par la crise financière, pendant que 5,6 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent annuellement de malnutrition.  « Cette situation est simplement insoutenable », a-t-il déploré.  « On ne joue plus avec les recettes des entreprises pétrolières, mais avec la faim de millions de personnes », a-t-il averti.

 

M. Torrijos a également souligné que la crise alimentaire et les changements climatiques ne peuvent être séparés l’un de l’autre, avant d’appeler à une solution durable qui tienne compte des deux problèmes de manière cohérente. 

 

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a entamé son intervention en rappelant que le monde faisait face à une multitude de problèmes dont la plupart exigeaient une implication des Nations Unies.   Évoquant l’actuelle crise alimentaire mondiale, le Président a affirmé qu’il s’agissait là, en réalité d’une bonne opportunité pour l’Afrique équatoriale et les agriculteurs ougandais.  Il a expliqué que pour son pays contrairement à d’autres pays africains, le vrai problème demeure celui de l’absence d’accès aux marchés, accentué notamment par le protectionnisme américain, européen, japonais et chinois.

 

Le Président a aussi déclaré que la hausse des prix des denrées alimentaires et du pétrole s’expliquait en partie par la demande croissante de produits industriels et agroalimentaires de la part des nouvelles classes moyennes de Chine et d’Inde. 

 

M. Museveni a regretté le fait qu’en dépit de l’ouverture de leur marchés à certains produits, les pays industrialisés maintiennent les subventions agricoles.  Pourquoi les agriculteurs de pays développés possédant de meilleures infrastructures, de faibles taux d’intérêt, d’abondantes ressources électriques, devraient-ils être traités différemment?, s’est-il demandé. 

 

Il en a profité pour exposer certaines réussites agricoles de son pays, telles la production de lait en poudre, ou la production de banane.  Mais tout cela reste, en réalité, fragile, car la hausse de la demande pétrolière et son corollaire, la hausse des prix du carburant « est un réel problème pour nos pays qui n’ont point de ressources pétrolières », a t-il déclaré, en insistant une nouvelle fois sur la promotion des énergies renouvelables. 

 

Mais au-delà de toutes ces possibilités, a-t-il poursuivi, le plus important demeure le développement de ressources humaines par le biais de l’éducation.  Une population éduquée, a dit le Président de l’Ouganda, a plus de capacités à trouver des réponses. 

 

Il s’est en outre appesanti sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, en expliquant que l’on ne pouvait parler de développement durable sans parler de transformation socioéconomique. L’Afrique devant se métamorphoser à la fois socialement, économiquement et technologiquement, a-t-il insisté.  La concrétisation de ces objectifs passe par ces préalables.  D’autre part, le Président ougandais a tenu à affirmer qu’il était confiant dans l’achèvement par son pays de l’ensemble de ces OMD. 

 

Il a conclu en se dissociant des pessimistes « qui ne croient pas en l’Afrique » et en réaffirmant que seuls les Africains eux-mêmes peuvent et doivent résoudre leurs problèmes, entre autres, celui très important de la création d’emplois.   

 

M. BHARRAT JAGDEO, Président du Guyana, s’est alarmé des difficultés « systémiques » rencontrées par le système financier mondial et de l’augmentation des prix du pétrole et des denrées alimentaires.  Il a également émis des craintes concernant les changements climatiques et s’est félicité de l’inscription de ce thème à l’ordre du jour des Nations Unies.  Le Président a appelé à une action concrète contre les changements climatiques.

 

Il a noté, qu’il y a deux ans, le déclin du marché de l’immobilier dans certaines villes aux États-Unis est devenu à l’heure actuelle une crise financière systémique avec des proportions mondiales qui s’aggravent.  Le Guyana souffre de cette situation, a expliqué le Président, notant que l’aide publique au développement se réduit.  Les prix du pétrole ont connu une croissance de 148% durant les derniers 18 mois, a-t-il poursuivi, relevant au passage les difficultés que traverse actuellement son pays en ce qui concerne les denrées alimentaires, et plus particulièrement les céréales. 

 

Par ailleurs, il a rappelé que l’accès à l’alimentation pour les plus pauvres et l’augmentation du prix des denrées alimentaires entraînent une demande croissante dans certaines économies émergentes.  La communauté internationale doit s’engager à protéger les plus pauvres, a-t-il estimé.  Le Président du Guyana a alerté le Président de l’Assemblée générale sur l’accélération des changements climatiques souhaitant qu’à l’ONU le rythme s’accélère également.  Il faut arriver à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre et les débats doivent se poursuivre, a-t-il suggéré. 

 

Il a voulu que les flux financiers soient proportionnels au problème.  Il n’y a pas de fonds qui permettent de traiter de la déforestation tropicale, a-t-il déploré.  Le Protocole de Kyoto ne contient aucun encouragement important pour réduire le phénomène.  Il a appelé les leaders des pays ayant des forêts tropicales à fournir leurs aides.  Au Guyana, 85% de la population vit en dessous du niveau de la mer.  Refusant de se plaindre, il s’est dit prêt à placer la forêt tropicale du Guyana au profit de la planète si des avantages économiques sont proposés.

 

L’exploitation par l’Union européenne de son pouvoir de négociation et le recours aux menaces pour amener les pays à signer sont ironiquement les moyens par lesquels l’Union européenne espère initier ce partenariat en vertu des Accords de partenariat économique (APE), a dit le Président Jagdeo.  Ce qui est particulièrement agaçant, a-t-il poursuivi, c’est de recevoir sans cesse des leçons des mêmes gouvernements.  Il a souhaité plaider avec les leaders de l’Union européenne pour revoir ces accords afin d’éviter de détériorer les bonnes relations historiques entre son pays et l’Union européenne.

 

Le Président du Guyana a souhaité que les institutions financières internationales aient de nouveaux mandats et outils pour devenir plus efficaces et plus souples.  Le mandat du FMI devrait être de préserver en tant que bien public mondial la stabilité du système financier.  La surveillance passive et l’imposition de conditionnelles à l’octroi de prêts ont clairement prouvé leur inefficacité.  Le Président a conclu en appelant à l’organisation d’une conférence semblable à celle de Bretton Woods.

 

M. MIKHEIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, a estimé que malgré la petite taille de son pays, les implications juridiques, morales, politiques et sécuritaires de l’invasion du mois dernier par « son voisin » étaient des plus importantes qu’il soit.  Tous les principes de la Charte des Nations Unies ont été mis à mal, notamment le principe d’inviolabilité des frontières, du caractère sacré des droits de l’homme, de la primauté du droit international et du rejet des agressions armées, a-t-il avancé.  L’Assemblée générale fait face à un défi d’ordre général, a lancé le Président géorgien, et chacun de nous doit refuser de demeurer silencieux face à cette agression armée et à cet assaut contre les droits de l’homme. 

 

Le Président géorgien a insisté sur l’importance qu’il y a à adopter « immédiatement » une politique de non-reconnaissance envers les deux provinces séparatistes de la Géorgie.  Les parties doivent également pleinement respecter les accords de cessez-le-feu, a-t-il déclaré, pour ensuite demander la création d’un processus de résolution de conflit sous l’égide de l’ONU pour permettre la réunification « paisible » de la Géorgie.  Il a ensuite préconisé la tenue d’une enquête indépendante et détaillée sur les origines et les causes de cette guerre. 

 

La Géorgie a été attaquée car c’est une démocratie réussie dans cette partie du monde, a affirmé M. Saakashvili.  Il a ainsi annoncé que son pays allait procéder au renforcement du système de contrôle des institutions démocratiques, octroyer plus d’indépendance au Parlement et au secteur judiciaire, allouer des ressources supplémentaires au renforcement du pluralisme politique, renforcer le respect de l’état de droit et étendre la propriété privé. 

 

Nous combattrons le spectre de l’agression et de l’autoritarisme par notre engagement en faveur du renforcement des libertés à l’intérieur de nos frontières.  Cela ne représente rien de moins qu’une « deuxième révolution rose », et la santé de l’ordre international dépendra de sa réussite, a-t-il dit.  Il a également avancé que la reconstruction de son pays permettra à l’Europe de maintenir une réelle sécurité énergétique.

 

Le Président géorgien s’est ensuite demandé si l’invasion qu’avait connue son pays était le signe d’une « tendance de mauvaise augure ».  Il a notamment évoqué le nettoyage ethnique qu’avait connu la population de son pays aux mains de milices, la guerre cybernétique à grande échelle dont son pays avait également été victime, de même que la campagne « d’écocide » qui ciblait les forêts de Borjomi.

 

Le chef d’État géorgien a aussi passé en revue les nombreux avertissements qu’il avait lancés à la communauté internationale, à la suite, notamment, de la distribution de passeports dans les territoires de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie, de la construction d’une base militaire « illégale » en Ossétie du Sud et de l’accumulation d’armes par des « prétendus soldats de maintien de la paix » dans ces deux zones de conflit.

 

Pour M. Saakachvili, on ne peut nier les motifs des « acteurs » qui ont provoqué la guerre.  Notre responsabilité collective est d’agir avec conviction et détermination.  Ensemble nous trouverons les moyens d’assurer la coexistence pacifique de tous les membres de notre société multiethnique.  La diversité est notre force, et nous sommes prêts à la renforcer encore plus, a-t-il lancé.

 

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a promis de poursuivre la lutte des peuples contre le capitalisme et a justifié sa récente décision d’expulser l’Ambassadeur des États-Unis à La Paz pour n’avoir pas condamné « les actes de terrorisme » survenus ces derniers mois dans son pays.

 

Le Président bolivien a rappelé son long engagement dans la lutte contre les politiques économiques imposées par le Fonds monétaire international (FMI) et les campagnes de privatisations qui ont, selon lui, entraîné l’actuelle crise financière internationale.

 

Se définissant comme anti-impérialiste, il a douté qu’il puisse y avoir de paix avec le capitalisme, même modéré, avant de promettre la poursuite de sa lutte pour l’égalité.  Au capitalisme, il a opposé son modèle.  Selon lui, les nationalisations des ressources naturelles comme les hydrocarbures, appliquées par son gouvernement, ont permis un changement profond de l’économie du pays. 

 

Selon ses propres chiffres, les revenus pétroliers de la Bolivie s’élevaient à 300 millions de dollars avant son arrivée au pouvoir en 2005.  En 2007, après les nationalisations, ils atteignaient près de 2 milliards de dollars.  Cette politique, a-t-il souligné, a soulevé l’opposition de certains partis conservateurs et « procapitalistes ». 

 

M. Morales a donc dénoncé « le coup d’État civique » perpétré contre lui au cours des derniers mois.  Il a présenté comme actes terroristes la prise d’aéroports ou le blocus de certains États.  Il s’est néanmoins félicité de l’échec de cette « conspiration » grâce à la conscience du peuple bolivien.

 

Le Président bolivien a également accusé les États-Unis de renforcer les groupes conservateurs par l’intermédiaire d’USAID, son agence d’aide au développement.  Il a aussi présenté 10 commandements pour sauver la planète.  Parmi eux, un monde sans impérialisme et sans colonialisme.

 

M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a indiqué que les inondations et les sécheresses qui se sont succédées en Namibie, en 2007 et 2008, ont été catastrophiques, entrainant des récoltes maigres, des pertes en bétail, une dégradation de l’environnement et des dégâts aux infrastructures.

 

La Namibie, qui est engagée dans la feuille de route de Bali pour la conclusion de négociations sur le régime d’après Kyoto d’ici à 2009, participe aux efforts en vue de la Réunion de Copenhague, a indiqué son Président.  Il a aussi exposé les difficultés auxquelles est confronté son pays, importateur de denrées et de pétrole, face à la flambée des prix de ces matières premières.  Pour atténuer les effets de cette tendance sur les ménages pauvres, le Gouvernement namibien a exempté de taxe sur la valeur ajoutée les denrées alimentaires de base, a-t-il expliqué.

 

Mais, sur le long terme, il faut adopter des politiques adaptées et procéder à des investissements pour augmenter la productivité agricole et la production alimentaire dans le monde.  Le Président a soutenu la proposition de tenir des débats thématiques à l’Assemblée générale jusqu’en 2015, pour faire le point des progrès et des retards dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

 

M. Pohamba a rappelé la nécessité pour les pays donateurs de faire preuve de véritable volonté politique, en adoptant notamment des systèmes financiers et d’échanges non discriminatoires.  Il a appelé à intensifier la mise en œuvre du Partenariat mondial pour le développement décidé à Monterrey en 2002.  Il a aussi souhaité que les institutions de Bretton Woods et les autres institutions financières internationales créent des mécanismes spéciaux permettant aux pays à revenu intermédiaire d’accéder aux ressources financières nécessaires à leur développement.

 

Le Président a également relevé l’importance de la paix et de la sécurité pour la réalisation des OMD et a invité tous les pays à s’engager dans le sens de la croissance économique, de la justice sociale, de l’état de droit, de la démocratie, du respect des droits de l’homme et de la protection de l’environnement.  Félicitant les dirigeants du Zimbabwe pour avoir récemment signé un accord visant le retour à la stabilité économique et politique, il a appelé à lever les sanctions encore imposées à ce pays.

 

Enfin, M. Pohamba a exprimé ses préoccupations concernant la question du Sahara occidental, le conflit dans la région du Darfour et le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple palestinien.  Il a souhaité voir l’État de la Palestine exister de façon indépendante, côte à côte avec Israël.  Le Président a aussi demandé que le blocus contre Cuba soit levé, afin de respecter le droit international.  Il a conclu, en exigeant un Conseil de sécurité plus représentatif, plus démocratique et plus comptable de ses actes.

 

M. BONI YAYI, Président du Bénin, a déclaré qu’il était du devoir de la communauté internationale de mobiliser les ressources nécessaires pour corriger les graves distorsions qui sont à l’origine de la crise alimentaire.  Les performances dans ce domaine pourraient être améliorées si les pays vulnérables parvenaient à réaliser les investissements de nature à relancer durablement la production agricole dans le monde, a-t-il estimé. 

 

Le moment est venu de donner au droit à l’alimentation une signification, car il est intolérable que la faim continue de faire partie des souffrances humaines au XXIe siècle, s’est indigné le Président.  À court terme, la priorité doit être accordée au renforcement des systèmes de protection sociale dans les pays les moins avancés.  Notre action devrait permettre d’activer les capacités dormantes de production locale par la promotion des petites et moyennes entreprises.

 

M. Yayi a ensuite indiqué que la proposition du Groupe spécial de réflexion sur la crise alimentaire de relever la part de l’agriculture dans l’aide publique au développement de 3 à 10% représente une démarche stratégique qui doit être mise en œuvre avec une volonté politique commune à la mesure de l’enjeu.  Durement touché par la crise alimentaire, le Bénin est aussi résolument engagé à conduire les réformes qu’elle appelle, a indiqué le Président. 

 

Ainsi, le Gouvernement a initié en 2006 un Programme national de modernisation de son agriculture pour faire face aux distorsions relevées, ainsi qu’un programme de mécanisation, dont le but est d’améliorer la compétitivité du secteur agricole.  En outre, a précisé M. Yayi, il est prévu un programme de gestion rationnelle de l’eau grâce à la construction de barrages hydro-agricoles, de manière à tirer parti de cette ressource tout en veillant à en assurer la pérennité.

 

Dans le cadre des efforts de diversification de la production agricole, le Gouvernement envisage aussi de promouvoir sur les terres arables marginales la culture de plantes servant à la production de biocarburants, a poursuivi le Président.  L’objectif visé est de réduire la dépendance aux hydrocarbures, qui ont connu récemment une hausse vertigineuse des prix. 

 

Le dirigeant béninois a précisé que le dégrèvement fiscal et le subventionnement des importations auxquels son gouvernement a eu recours pour protéger le pouvoir d’achat des contribuables pèsent sur les finances publiques.  « Ces mesures palliatives ne sont pas viables sur la durée », a-t-il prévenu.

 

Le Président béninois a en conclusion exhorté les États Membres à entreprendre des actions dans le cadre de l’Année internationale de l’apprentissage des droits de l’homme, qui débutera le 10 décembre 2008 et qui a été proclamée par l’Assemblée générale à l’initiative du Bénin.  Le Bénin a commencé à intégrer le concept « Unis dans l’action » dans son cadre de coopération avec le système des Nations Unies et attend avec impatience son inclusion dans les recommandations faites par le Panel de haut niveau sur la cohérence des activités opérationnelles des Nations Unies.  Au plan national, le Président a indiqué que son pays avait intégré la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les stratégies nationales de développement.

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